Selon la base de
l'EMDR, les Mouvements Oculaires Thérapeutiques* (MOT) ont été développés spécifiquement pour traiter les syndromes post traumatiques et autres symptômes liés aux traumas. Ils sont constitués de deux étapes distinctes : la première est celle de la
« déprogrammation » du déclencheur responsable d'une réaction inadaptée. La deuxième est la reconstruction grâce à la rencontre du conscient et de l'inconscient qui permettra d'adopter une réponse plus adaptée selon la situation ; voire de réparer complètement la blessure.
Pour mieux comprendre l'intérêt de la thérapie par mouvements oculaires, il faut s'intéresser au cerveau et à la manière dont il traite l'information liée au stress, au trauma ou au choc émotionnel.
Ceci se fait en 3 temps :
1) Réception de l'information par les organes sensoriels et transfert au cerveau :
Vision, audition, olfaction, sensibilité cutanée et l’innervation afférente qui transfère
l’information sensorielle au cortex et au système limbique.
2) Programmation cérébrale de la réponse au stress :
Analyse comparative réalisée par le cortex et le système limbique. Cette analyse compare les caractéristiques du stress présent à une base de données en mémoire qui stocke les stress précédemment vécus, les réponses apportées et l’efficacité adaptative des réponses. Ceci permet l’élaboration de la réponse la plus appropriée pour faire face à la situation.
3) Déclenchement cérébral de la réponse au stress. Structures cérébrales impliquées :
Les organes sensoriels, le cortex et le système limbique.
Le système limbique est donc responsable de la mémoire, des émotions et de la survie. C'est lui qui prend le relais dans les situations de danger en anesthésiant le cortex préfrontal (fonction de réflexion ou pensée élaborée) pour enclencher une réponse automatique au danger qui sera soit : la fuite, le combat ou l'inertie (« faire le mort »).
Lorsque le danger a pu être écarté, c'est à dire que le sujet a effectivement trouvé une réponse adaptée à la situation, alors le cerveau pourra retrouver un fonctionnement équilibré. Cependant, lorsque le sujet ne trouve pas une réponse adaptée au danger soit par manque de maturité de l'appareil psychique (l'enfant) soit parce que la situation vécue est trop traumatisante, le cerveau ne pourra retrouver son équilibre et il en résultera un état de stress post traumatique et la mise en place d'une répétition de la situation afin d'y trouver une solution adaptée pour donner un sens au ressenti anxieux (bénéfice secondaire de la croyance négative).
C'est grâce à la neuroscience que nous pouvons élaborer une théorie reliant le mouvement oculaire rapide (MOR) et le traitement de l'information dans le cerveau. Le MOR se constate pendant la partie du sommeil nommée « sommeil paradoxal » où l'activité cérébrale correspond au passage rapide et successif des événements vécus dans la journée et à leur organisation dans les différentes mémoires.
C'est bien le mouvement de gauche à droite des yeux qui accompagne cette activité cérébrale. Mais, lorsqu'il y a eu trauma, l'information reste
« bloquée » dans le système limbique, ne lui permettant pas d'être évacuée lors du MOR.
La technique de MOT permet alors de déplacer les informations du système limbique vers le cortex frontal qui pourront ainsi y être traitées et libérées, lors du prochain sommeil paradoxal. Ensuite, et grâce au langage d'hypnose ericksonienne, un lieu va se créer, lieu d'apaisement, de sécurité et d'apprentissage où se trouverons toutes les ressources nécessaires pour modifier le comportement et adapter la réaction face à ces situations.
*Depuis 2013, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise cette technique thérapeutique pour le traitement des troubles traumatiques chez l'enfant et l'adulte.